Vol. 84 (2019)
Articles

Une catégorie de chômeurs à part : les cols blancs de Montréal, 1930-1935

Sonya Roy
l’Université McGill
Bio
cover of Labour/Le Travail, Volume 84

Published 2019-11-04

How to Cite

Roy, S. . (2019). Une catégorie de chômeurs à part : les cols blancs de Montréal, 1930-1935. Labour Le Travail, 84, 107–140. https://doi.org/10.1353/llt.2019.0034

Abstract

Pendant la crise économique des années 1930, les cols blancs se retrouvent nombreux parmi les rangs des chômeurs, créant ainsi « une nouvelle classe de pauvres ». Cet article explore le phénomène du chômage chez les cols blancs de Montréal et lève le voile sur leur expérience de la crise. Il s’attarde aux programmes d’assistance publique mis sur pied par les autorités municipales pour venir en aide aux chômeurs et à la réaction des cols blancs et de certains responsables de la charité relativement à la crise et à un système d’assistance jugé inadapté pour les cols blancs. L’article révèle que l’expérience et les réactions des cols blancs quant à la crise sont façonnées par leur appartenance à la classe moyenne. Au chômage, ils n’arrivent plus à maintenir les standards de respectabilité et le style de vie associés à la classe moyenne et se trouvent forcés de demander l’assistance publique aux côtés des ouvriers. La crainte d’un déclassement social et la peur d’être associés aux chômeurs de la classe ouvrière poussent les cols blancs à vouloir se différencier de ces derniers, réaffirmer leur appartenance à la classe moyenne et revendiquer des programmes d’assistance qui répondent à leurs besoins spécifiques. Certains responsables de la charité qui estiment que les cols blancs méritent des services adaptés participent également à cette différenciation.

 

During the economic crisis of the 1930s, white-collar workers found themselves among the ranks of the unemployed, thus creating a «new class of the poor”. This article explores the phenomenon of unemployment among Montreal white-collar workers and reveals their experience of the crisis. It focuses on public assistance programs set up by the municipal authorities to help the unemployed and the reaction of white collar workers and some of the charity leaders to the crisis and to a system of public assistance deemed inadequate for white-collar unemployed. The article reveals that the experience and the reactions of white-collar workers to the crisis have been shaped by their middle class identity. No longer able to maintain the standards of respectability and the lifestyle associated with the middle class, and forced to seek public assistance alongside unemployed of the working class, unemployment threatened white-collar workers’ ability to stay in the middle class. The fear of losing their social status and the fear of being associated with the working-class unemployed pushed white-collar workers to distance themselves from them, to reaffirm their belonging to the middle class and to demand assistance programs that met their specific needs. Some charity leaders who believed that white-collar unemployed deserved special treatment also contributed to this differentiation.