Vol. 51 (2003)
Articles

Un moindre mal pour les travailleuses? La Commission du salaire minimum des femmes du Québec, 1925-1937

Éric Leroux
l'Université de Montréal

Published 2003-01-01

How to Cite

Leroux, Éric. (2003). Un moindre mal pour les travailleuses? La Commission du salaire minimum des femmes du Québec, 1925-1937. Labour Le Travail, 51, 81–114. Retrieved from https://lltjournal.ca/index.php/llt/article/view/5294

Abstract

Over the last few years, the activities of minimum wage commissions in the western provinces and in Ontario have been the subject of several historical studies. Inspired by these projects, this paper examines the work of the Quebec Women's Minimum Wage Commission, from its inception in 1925 to its dismantling in 1937. After giving reasons which forced the Quebec government to legislate on this issue, the author presents the position of international and catholic unions on women in the work force. In his analysis of the operating mode of the commission and, more precisely, his critical evaluation of its mechanism for enforcing the law, the author concludes that as with the other commissions across Canada, the Quebec Women's Minimum Wage Commission would not have allowed wage increases for women. In a socio-economic context where women on average made half of the salary of men, the decision to use the minimum wage as a tool to fight the abuse of the capitalist system had the major consequence of keeping salaries low. In fact, the low rate of the minimum wage agreed to by the commission upheld the principle of pay inequity by gender, thus reflecting the dominant ideology of the era during which the work of women was considered marginal. Résumé Au cours des dernières années, les activités des commissions du salaire minimum des femmes dans l'Ouest et en Ontario ont donné lieu à plusieurs études à caractère historique. S'inspirant de ces travaux, cet article examine le travail accompli par la Commission du salaire minimum des femmes du Québec, entre sa mise sur pied en 1925 et son démantèlement en 1937. Après avoir exposé les raisons qui poussent le gouvernement québécois à légiférer sur cette question, l'auteur présente la position des syndicats internationaux et des syndicats catholiques face au travail féminin. Au terme de l'analyse du mode de fonctionnement de la commission et, plus particulièrement, d'une évaluation critique des mécanismes d'application de la loi, l'auteur arrive à la conclusion qu'à l'instar des autres commissions à travers le Canada, la Commission du salaire minimum des femmes du Québec n'aura pas permis l'augmentation du salaire des femmes. Dans un contexte socio-économique où les femmes gagnent en moyenne la moitié du salaire des hommes, la décision de faire du salaire minimum un outil pour lutter contre les abus du système capitaliste aura pour principale conséquence le maintien des bas salaires. En définitive, les faibles taux de salaires minimums consentis par la commission consacrent le principe de l'inégalité des salaires selon le sexe, reflétant ainsi l'idéologie dominante de l'époque qui considère le travail de la femme comme marginal.