Published 2017-11-01
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Abstract
Les syndicats internationaux prennent de l’expansion dans l’industrie de la construction au Québec, entre 1887 et 1930, et en viennent à dominer le paysage syndical. Ces années sont aussi celles où les syndicats parviennent parfois à faire passer les relations de travail de rapport brut avec les employeurs à la négociation et à la signature de contrats collectifs de travail.
Comme dans le reste de l’Amérique du Nord, les syndicats internationaux de la construction apportent un modèle de relations de travail qui comporte des différences par rapport à celui qui domine dans l’industrie manufacturière. Comme les syndicats dans ces industries, ceux de la construction désirent parvenir à un contrôle partagé de leur milieu de travail en imposant ou en négociant des contrats précisant l’échelle des salaires, les heures de travail, le rôle des agents syndicaux et l’arbitrage des conflits. Mais ils attachent une importance primordiale à l’obtention de l’atelier syndical fermé et à la mise sur pied de bureaux de placement.
Il faut dire que la fluidité des lieux de travail et l’instabilité des emplois font en sorte que les ouvriers de la construction, plus que les autres travailleurs, vivent dans l’insécurité. La stratégie utilisée par les syndicats pour pallier à cette insécurité et améliorer les conditions de travail consiste à regrouper la grande majorité des ouvriers d’un métier dans une ville donnée et à obtenir l’atelier syndical fermé sur les chantiers. Ils y greffent les bureaux de placement pour leurs membres, ce qui rend l’appartenance syndicale attrayante, car elle devient source de travail pour les syndiqués. Elle représente aussi une forme de gestion paritaire de la demande de main-d’œuvre et pour les syndicats, un certain contrôle de l’offre de travail.
Pendant la période étudiée, la syndicalisation des ouvriers de la construction leur vaut des avantages significatifs en termes de salaires, d’heures de travail et de règles régissant l’organisation du travail. À Montréal, les briqueteurs et charpentiers-menuisiers doublent leur salaire réel de 1901 à 1930 et voient leur semaine de travail réduite de 60 à 44 heures pour certains d’entre eux.
International unions expanded in the construction industry in Quebec between 1887 and 1930, and came to dominate the trade union landscape. These years are also those where unions sometimes managed to get rough-hewn labour relations with employers to negotiate and sign collective labour contracts.
As in the rest of North America, international construction unions provide a model of labour relations that differs from that prevailing in manufacturing. Like unions in these industries, construction workers want to achieve shared control over their workplace by imposing or negotiating contracts specifying the scale of wages, hours of work, the role of union representatives and arbitration conflicts. But they attach paramount importance to obtaining closed shops and setting up union hiring halls.
It must be said that the fluidity of workplaces and the instability of jobs mean that construction workers, more than other workers, live in insecurity. The strategy used by trade unions to overcome this insecurity and to improve working conditions consists of bringing together vast majority of workers in a trade in a given city and obtaining closed shops on building sites. They provide hiring halls for their members, which makes union membership attractive, as this becomes a source of work for union members. It also represents a form of joint management of the demand for labour and for the trade unions, a certain control of labour supply.
Within the period of the study, the unionization of construction workers earned them significant benefits in terms of wages, working hours and rules governing the organization of work. In Montreal, bricklayers and carpenters doubled their real wages from 1901 to 1930 and saw their work week reduced from 60 to 44 hours for some of them.